Le tutorat : Que peut-il apporter à la formation pratique de nos étudiants ?

Résumé:

PEPM [1] retraité de l’INFSPM [2] de Constantine kamel_benchabane@yahoo.fr
M. Kamel BENCHABANE PEPM [1] retraité de l’INFSPM [2] de Constantine kamel_benchabane@yahoo.fr
À travers la définition du tutorat et des fonctions du tuteur, nous pouvons faire ressortir les éléments qui nous permettront de sélectionner le « bon » tuteur.

Au-delà des 6 fonctions que J. Bruner [1] a  identifiées pour l’activité du tuteur., pour J.J.Boru [2] Il a en plus une fonction de « socialisation          

professionnelle » . C’est-à-dire, le changement identitaire et l’apprentissage de la culture de la profession.

Des compétences hautement spécifiques qui exigent que nous soyons vigilants pour attribuer à un professionnel de la santé le titre de tuteur.

Mots Clés : tuteur- apprentissage- accompagnement-stage-encadrement.

[1] Bruner, J, 1983, op.cit.p. 277-278 :  1. « L’enrôlement » : capacité du tuteur à intéresser et à faire adhérer le tutoré à une tâche. 2. « La réduction des degrés de liberté » : capacité du tuteur à découper la tâche en différents paliers successifs et accessibles au tutoré pour le mener au but attendu. 3. « Le maintien de l’orientation » : capacité du tuteur à maintenir l’attention et la motivation du tutoré afin d’arriver à l’objectif défini. 4. « La signalisation des caractéristiques déterminantes » : capacité du tuteur à indiquer les phases importantes pour l’exécution de la tâche. 5. « Le contrôle de la frustration » : capacité du tuteur à faire supporter les échecs au tutoré dans la résolution de la tâche. 6. « La démonstration ou présentation de modèles » : capacité du tuteur à montrer un modèle de résolution de la tâche

[2] Boru, J-J. « Du tuteur à la fonction tutorale. Contradiction et difficultés de mise en œuvre » in Recherche et formation, n°22, 1996, p.103.

l’entreprise « le tuteur est un membre du personnel chargé de transmettre ses connaissances professionnelles à un stagiaire ».

Certains auteurs renforcent cette idée en affirmant ceci : « Les tuteurs sont des travailleurs de l’entreprise d’accueil, spécialement désignés pour veiller sur un stagiaire. Le tuteur a pour fonction de faire acquérir au stagiaire les savoirs professionnels convenus, selon la progression déterminée en collaboration avec l’établissement de formation, et d’être la référence du stagiaire dans l’entreprise. Ce dernier doit savoir que son tuteur est là pour l’aider à mettre en application ce qu’il a appris en théorie, répondre à ses questions, l’aider à comprendre ce qui se passe autour de lui, l’assister à résoudre les petits problèmes qu’il peut rencontrer, faciliter son intégration dans un milieu où il est appelé à exercer dans le futur. » La transposition de cet élément dans notre propre domaine sous-entend que le tuteur est un professionnel paramédical relevant d’une structure de santé, chargée de soutenir un apprenant de la même spécialité et de lui transmettre des savoir-faire au cours d’une période déterminée.

La fonction d’encadrement des stagiaires devrait être partie intégrante des missions des professionnels paramédicaux, à travers l’application des textes et une formation spécifique préparatoire à cette fonction.

Cette noble tâche implique que chaque soignant agit dans le sens de la valorisation de sa profession, en comprenant bien que la pérennité de la qualité des soins passe impérativement par la transmission des savoirs dans leur sens large, des compétences, des valeurs professionnelles et morales aux étudiants.

Le professionnel ne doit jamais faire preuve d’égoïsme vis-à-vis de l’étudiant, il doit le préparer à son futur statut de pair une fois diplômé, les ainés placés en position de tuteurs doivent en outre œuvrer dans le sens de la préparation de leur relève, après avoir donné le meilleur d’eux-mêmes.

Nul ne peut occulter l’intérêt que portent actuellement beaucoup de soignants, de façon volontaire et bénévole, à l’accompagnement des étudiants, sachant que cette tâche s’ajoute à leur plan de charge. Le terrain de stage constitue un espace d’apprentissage privilégié mettant l’étudiant en situation réelle, ses effets positifs ou négatifs dépendent de la nature de l’accompagnement dont il va bénéficier.

De mon point de vue, le tuteur reste le garant potentiel de l’acquisition des compétences que l’étudiant est venu chercher en stage. Accompagner un étudiant consiste pour le professionnel, à concilier sa posture de soignant avec celle de

formateur, il va devoir développer les compétences spécifiques et les qualités indispensables à cette notion de guidance et de suivi, grâce à la formation complémentaire qu’il doit indéniablement suivre, afin de mener à bien cette mission.

En collaboration avec l’établissement formateur, le tuteur supervise par étapes et par entrainement les actes réalisés par l’étudiant, il le recadre, corrige ses erreurs et   renforce ses succès, selon les objectifs assignés au stage. Il lui inculque les notions d’organisation des soins, la rédaction des rapports de stages et assiste à son évaluation de fin de stage. Lorsque pour des raisons organisationnelles, le cadre paramédical prend part à l’accompagnement des étudiants, il doit éviter de se positionner comme supérieur hiérarchique, afin de les mettre à l’aise. Au sein d’une unité de soins, chaque professionnel peut à tout moment prendre la posture de tuteur, à condition qu’il ait à son actif   un certain capital expérience, afin de pouvoir accompagner les étudiants. Est-ce que le rôle de tuteur va de soi ? Est-ce qu’il est à la portée de tout un chacun ? Ce n’est pas souvent évident, il est difficile de trouver de bons professionnels en position d’évolutivité qui soit capable de transmettre des savoir-faire, d’accompagner le processus de construction et d’acquisition de compétences de l’apprenant. Cette posture nécessite des éléments qui soient ouverts à l’autre, capable d’écoute, sachant communiquer et motivés pour accompagner l’autre, qui valorisent le travail d’équipe… Aux yeux de l’établissement formateur, le tuteur représente la fonction pédagogique du stage, c’est un professionnel qui a développé, au cours de ses années d’exercice, des compétences spécifiques et de l’intérêt pour l’encadrement des étudiants. Il doit être bien informé sur   les référentiels de compétences et de formation des futurs professionnels qu’il encadre.  Les établissements de formation et les structures de santé doivent tout mettre en œuvre, afin qu’il y ait en permanence un vivier de tuteurs prêts à accompagner les étudiants dans leur cursus de formation.

Enfin, mon avis est que le tutorat reste la meilleure formule pour résoudre le problème de l’encadrement des stages paramédicaux, il doit faire l’objet d’une large réflexion de la part des différentes parties prenantes à savoir, les établissements de formation, les structures de santé, l’association nationale des PEPM, l’association nationale des paramédicaux… avec en projection son institutionnalisation.

S’agissant des modalités de nomination du tuteur, voici ci-après les trois cas de figure qui peuvent éventuellement être envisagés, afin de permettre le déroulement de cette activité dans un cadre bien défini et réglementé.

Premier cas de figure :        

     Des postes spécifiques de tuteurs sont créés au sein des établissements sanitaires, le tutorat devient alors l’activité principale des soignants qui en ont la charge ;                                                                    

Deuxième cas de figure :

Au sein d’une unité de soins, certains soignants sont identifiés par les établissements de formation, de par leur cursus scolaire et les compétences qu’ils ont développées au sein des services. Avec l’accord de leurs établissements employeurs, ils vont pouvoir assurer le rôle de tuteur sur la base d’une convention, une activité parallèle qui s’ajoute à leur charge de travail. Les personnes ne désirant pas prendre cette posture sont dispensées ;

Troisième cas de figure :

Des PEPM optent volontairement pour le poste de tuteur au niveau de l’établissement sanitaire de leur choix, ils sont alors dispensés partiellement ou totalement de l’enseignement théorique, au cours des périodes de stage.

Les personnes ne désirant pas prendre cette posture en sont dispensées

Dans les trois cas de figure, les intéressés doivent pouvoir aspirer à une rémunération spécifique, en contrepartie des efforts déployés dans l’exercice de cette tâche aussi importante qu’ardue.

En tout état de cause, la ou les formules éventuellement retenues doivent faire l’objet d’un texte u d’une décision qui en arrêtent les modalités d’application.

J’espère que cette publication inspirera les collègues à débattre du sujet, en donnant leurs points de vue sur cette formule de prise en charge de nos étudiants en stage, en proposant notamment d’autres cas de figure du tutorat qu’ils jugent mieux adaptés à la réalité du terrain.

Bibliographie

  1. La HAS L’encadrement de stages. La maîtrise de stage/le tutorat, juin 2018
  2. Le tutorat infirmier accompagné l’étudiant en stage-Rémi Adam et Isabelle Bayle-estem. Vuibert-2ème édition
  3. Cairn.info – BAUDRIT A. Être aujourd’hui tuteur d’étudiants en soins infirmiers : une mission complexe et pérenne ? Recherche en soins infirmiers, décembre 2012 ; 111 :6-12

 

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