La problématique des stages

Résumé :

M. Kamel BENCHABANE PEPM [1] retraité de l’INFSPM [2] de Constantine kamel_benchabane@yahoo.fr

Enseignant et ancien cadre dans la formation paramédical, j’ai pu ainsi, être au cœur du changement et mutations inhérentes à l’évolution de notre métier, ainsi qu’au dynamisme d’un corps soumis à sa propre évolution. Malgré tout, un élément récurrent dans la formation paramédicale est devenu source de tensions et d’insatisfactions : le stage.

Dans cet article j’apporte ma modeste contribution en soulevant quelques problématiques liés à cette partie essentielle de la formation

Mots Clés : Stages-Formation paramédicale-Tutorat-Encadrement

Ci-après, ma modeste analyse, sous forme d’une liste non exhaustive, d’éléments directement ou indirectement en cause, dans les problèmes que connait le volet emblématique et oh combien primordial de la formation paramédicale, qu’est le stage sous ses différentes déclinaisons :

La réglementation en matière de stage :

Hormis le règlement pédagogique des établissements de formation paramédicale, qui n’a plus cours après le passage au système LMD, qui évoquait les stages dans leurs grandes lignes, d’une part , et d’autre part les textes émanant du décret exécutif n° 97-465 du 02 décembre 1997 fixant les règles de création, organisation et fonctionnement des établissements hospitaliers spécialisés qui, dans son article N° 5, stipule ce qui suit : « Participer à la formation, au recyclage des personnels de santé », ainsi que le décret exécutif n° 11-121 du 20 mars 2011 portant statut particulier des fonctionnaires appartenant aux corps des paramédicaux de santé publique, ou il est stipulé que « l’ISP [3] est tenu d’accueillir et de suivre pédagogiquement les étudiants et les stagiaires. » . Ces décrets souffrent du manque de clarté qu’aurait pu leurs conférer un arrêté ministériel, listant dans le détail ces fonctions d’accueils, de suivi des stagiaires, et qu’impérativement doivent développées les professionnels du terrain.

Cela ne veut aucunement dire que les PEPM [1] ne participent pas à la formation pratique de nos élèves, mais force est de reconnaître et d’avoir le courage d’admettre que les professionnels paramédicaux sont beaucoup plus engagés et investis dans la formation pratique des apprenants paramédicaux au niveau des établissements hospitaliers que nous ne le sommes.

La relation entre les établissements de formation et les structures de santé :

Cette relation est compénétrée par une perte de vue de l’objectif commun que devraient partager les structures d’accueil du produit de formation pratique avec les établissements responsable de leurs formations ; c’est-à-dire un professionnel compétent. Ce qui aboutit à une mauvaise, ou à une « non » communication qui a pour conséquence l’exact opposé du but recherché.

Les objectifs de stages :

Ils sont mal conçus, l’évaluation des stages n’est pas réalisée sur le terrain, on se contente souvent de récupérer la feuille de stage comportant une simple appréciation.

La convention de stage :

Il serait de bon temps de revoir le modèle de convention pour l’uniformiser et le renforcer par des textes et articles qui prennent en considération toutes les nouvelles situations dans lesquelles se déroulent les stages pratiques actuellement.

Gestion des terrains de stages :

le nombre important d’étudiants des différents corps en formation et de différents établissements (corps médical avec ses différents paliers, les différents corps paramédicaux du secteur public et privé)  accentue la problématique pour aboutir à un stage de qualité voire parfois la possibilité même de le faire, un défaut de coordination entre les différents établissements de formation, l’absence d’une cartographie des sites aptes à accueillir des stagiaires, y sont pour beaucoup dans la genèse de cette situation.

Les démonstrations pratiques en salle de travaux pratique (TP):

Pour certains établissements, faute de moyens, leurs étudiants ne sont pas convenablement préparés par des TP et de ce fait ne tirent pas le maximum de bénéfices de leurs mises en situation réelles. Pour d’autres, malgré la disponibilité des moyens, et par rapport à des contraintes liées au temps et à la finalisation du cursus, ou pour des raisons encore mal identifiées ; ils se « débarrassent » des étudiants en les plaçant en stage sans une bonne préparation, donnant la priorité à l’achèvement du programme théorique.

Le rôle des professionnels paramédicaux :

Ils déclarent être « surchargés » et n’ont donc pas le temps de s’occuper des stagiaires, en fait le problème se situe au niveau de la planification des soins et de la répartition des tâches « qui, fait quoi ? », un processus dans lequel l’étudiant se contente du rôle de spectateur au lieu de celui d’acteur, ou carrément déserte son poste s’il ne prend pas conscience des enjeux du stage pratique.

L’élimination de l’épreuve pratique à l’examen de fin d’études pour la filière des paramédicaux :

Probablement une des raisons du désintérêt de tous les acteurs concernés par le bon déroulement et la réussite du stage, sous toutes ses formes.

L’encadrement des stages :

Beaucoup de PEPM considèrent le stage comme une « corvée », une forte réticence se manifeste dès qu’on leurs rappelle l’importance de la tâche d’encadrement.

Ainsi ils deviennent des pourvoyeurs de théories sans faire le lien avec la pratique, ce qui nous expose aux menaces que nous connaissons tous.

N.B : 

Cette réflexion n’a d’autre but que de susciter un débat franc, sincère, et de réfléchir à des solutions pratiques. J’ai été directeur des études, directeur au niveau des écoles publiques et directeur pédagogique au niveau des écoles privées, mais avant tout j’ai été, et je reste PEPM.

J’assume mes faiblesses. Comme tout un chacun, j’ai des défauts et des qualités, et je tolère toute critique constructive d’où qu’elle vienne qui aidera à développer la formation paramédicale pour laquelle nous avons consacré notre vie et que nous portons dans nos cœurs.

Ai-je tort, ou raison dans mes réflexions autour du stage ? L’essentiel est que chacun d’entre nous fasse l’effort de la réflexion et ait le courage d’agir pour que nous puissions aboutir à la bonne formule qui nous fasse sortir de l’ornière. 

 D’ores et déjà je suggère pour ma part de reprendre la réflexion sur le tutorat qui a fait couler par le passé, beaucoup de salive et d’encre sans qu’il y ait un quelconque résultat palpable, j’en ferai une présentation dans une prochaine publication. J’estime que d’une manière ou d’une autre, le tutorat doit être institutionnalisée.

[1] PEPM : Professeur d’enseignement paramédical

[2] INFSPM : Institut National de formation supérieur paramédical

[3] ISP : Infirmier de santé publique

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